Le credo de l'homme libre
Des torrents de pluie tombaient. Une modeste demeure me servait d’abri. Un homme et une femme, dont je n'étais guère parent du tout, s'occupaient de moi tout en me maternant ; et malgré toute la bonté dont ils me faisaient part, je subsistais, toujours indécis quant à l'amour qu'ils me portaient: était-il vrai ? Trouver réponse à cette question-là ne ferait pas dévier le fil de ma vie de cette voie parsemée des plus malheureux malheurs, et de bonheurs, tout aussi malheureux. Ainsi ne faisais-je que me laisser vivre, pensant qu’un bon comportement en valait autant qu’un mauvais, à la condition où j’étais réduit, l’on ne fait point grand cas de ce qui se passe deçà et delà.
Je
décidai alors, afin d'éluder ce funeste destin, de voyager et par conséquent de m'enfuir: ce
qui fit de mes journées un véritable calvaire, ne songeant qu'aux maux qui m’attendaient et aux solutions que force
m’aurait été de trouver pour m’en extraire. Je fus bientôt lassé de cette vie-là
que déjà une autre vit le jour: La quête du Savoir.
Matins et
soirs, je ne faisais que lire. Tantôt la science m'emportait, tantôt la littérature
et les arts accaparaient mon esprit. Ma journée s'écoulait dans les différentes
bibliothèques que je rencontrai. Toujours en fuite, je fouillais de ville en
ville les moindres recoins de ces "sanctuaires du savoir ». J'appris
alors que Rousseau aimait à critiquer tout autant que Diderot, et que ce
dernier écrivit un discours fort didactique avec l'aide de d'Alembert, qui m'en
appris plus sur le monde que d'autres ouvrages bien trop précis et vétilleux.
Languit d'apprendre, bien que j'en appris plus en deux semaines que quiconque
en un an, j'eus la bonne idée de lire une œuvre de fiction. Les innombrables
personnages dont je fis connaissance durant cette période-là, me procurèrent
une douleur des plus incisives, tant les tourments de la vie m’y dérobaient. Ils
n'existaient pas, et je les aimais pourtant.
Encore une
fois je m'enfuis avec la peur de m'en remettre à nouveau, à la discrétion de
cet art échevelé qu’est le savoir, avec la peur de revivre ignorant. Suite à
cette évasion, je fis partie d'une confrérie,
constituée de mes véritables semblables, la seule chose permettant la
pratique de nos théories ainsi que le goût de l'aventure de nos héros nous
réunissaient : la liberté. Je vécus le restant de mes jours avec
allégresse tant ces jours-là étaient différents des précédents.
P-S: Le bonheur ne dépend ni de droits ni d'amour, mais principalement d'un savoir particulier: celui de se savoir libre et agir au lieu de se contenter de réfléchir. La réflexion sans action est inutile et n'offrira que le même fruit que celui issu de la branche de l'ingénu. Suivant cette conception, qu'est ce que donc que la liberté ?
-Chroniqueur en furie "Eralem"-
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